Edouard Karoué, un poète au cœur de l’homme

Publier de la poésie aujourd’hui au Togo, peut sembler une entreprise déraisonnable. Mais tant que la parole poétique s’avère fondamentale, les éditeurs n’hésitent pas à donner à certains auteurs leur chance. Né le 5 janvier 1987 à Kpalimé, Edouard Karoué fait partie de ces auteurs qui n’ont pas renoncé à leur volonté de changer le monde. Il s’est révélé au grand public le 15 décembre 2018, avec Sensations, son premier ouvrage publié.

Le jeune poète nous donne rendez-vous dans une cafète en plein cœur de Lomé. Contrairement à tout ce qu’on peut imaginer de rocambolesque d’un docteur en sociologie de son état, c’est plutôt un Edouard Karoué sobrement habillé d’un haut en Jean, les manches retroussées jusqu’à l’avant-bras, l’air tantôt sérieux, tantôt drôle mais toujours fort courtois, qui nous raconte sa vie.

Une famille assez lectrice

Edouard est né dans les livres. Son père, un amoureux des belles lettres ramenait souvent à la maison toutes sortes de livres, et l’incitait beaucoup à la lecture : « Notre papa est un féru de littérature. Nous avons grandi avec des livres qui parfois dépassaient nos niveaux d’études. Des livres que nous étions obligés de lire. Molière et La Fontaine étaient les préférés de papa. » expliquait la sœur d’Edouard, Thérèse Karoué, qui autre est déjà une romancière assez connue sur la scène littéraire togolaise.

Même si Edouard avoue ne pas avoir beaucoup lu comme sa sœur, il a senti depuis son enfance l’art au bout de ses doigts. Au secondaire, il participe à divers concours de poésie qui vont de plus en plus murir sa flamme pour la lecture et la littérature. Certains livres ont marqué sa vie de jeune lecteur notamment Les damnés de la terre de Frantz Fanon, Les misérables de Victor Hugo, ou encore Le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono.

Une plume au cœur de l’homme

Edouard Karoué est président international du MIEC Pax Romana, une organisation engagée pour la cause sociale. Alors qu’il venait de reposer sur la table son verre de Sport Actif, une de ses boissons préférées, Edouard nous explique les missions du Pax Romana : favoriser la Paix, les Droits de l’Homme, la Justice sociale, le dialogue inter-culturel et le développement durable, en formant, en représentant, et plaidant les jeunes auprès des Nations Unies.

Ce côté humaniste rejaillit également sous sa plume où il tente de comprendre les dérives de l’homme, « un être potentiellement amical » mais aussi de l’humanité qu’il n’a pas renoncé à changer : « Il y a de ces réalités malheureuses que je rencontre lors de mes consultations dans divers pays, que je n’ai pas le pouvoir de changer (…) Sensations est un autre moyen pour moi de combattre ces réalités en emmenant les gens à réfléchir afin de changer leur mentalité ».

En décembre 2016 et septembre 2017, ses voyages l’ont emmené au Vatican où il rencontre à double reprise le Pape François, une rencontre qui a eu un effet considérable sur sa vie : « Lorsque j’ai serré la main à cet homme illuminé, toutes les questions que j’avais semblent avoir disparu de ma tête. On se demande comment malgré toutes ses charges au Vatican et un peu partout au monde, il trouve du temps à accorder à tout le monde, et arrive toujours à garder le sourire. »

Cette rencontre a permis au jeune poète de comprendre qu’il y a toujours du temps pour tout faire, qu’il y a toujours du temps pour écrire ses poèmes, quelle que soit la densité de ses charges au Pax Romana.

Des poèmes qui voyagent dans le temps et l’espace

Edouard Karoué est de ces poètes qui n’ont pas de protocoles pour enfanter un vers. Les poèmes naissent quand ils peuvent et où ils peuvent. Il a accouché certains poèmes de Sensations dans l’avion, en retrait dans les campagnes ou dans le tohu-bohu des grandes villes qu’il a eu à visiter. Que certains poèmes datent des ses années de licence (2006-2010 ndlr) ou sont encore très récents, peu lui importe. L’essentiel pour Edouard, c’est que ses poèmes soient dépourvus de linéarité, et provoquent des pauses qui puissent « bousculer le lecteur »

Son regard n’est pas seulement tourné vers les misères de la société ; il lui arrive de faire des introspections afin de connaître et de corriger ses propres défauts : « Mon grand défaut est que je ne suis pas patient. Cela me met souvent en colère quand les choses trainent anormalement (…) Mais j’apprends ces temps-ci à plus me contrôler en essayant surtout de comprendre les raisons qui motivent ce retard des choses ». Pour Thérèse, le défaut de son frère est qu’« il pense toujours avoir raison (rires) ».

A part la poésie, Édouard s’intéresse beaucoup également à la musique. Le piano est son instrument préféré.

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